L’interview de Clémentine Mossé, fondatrice de The Greener Good

Suite à notre collaboration sur le Guide de la consommation responsable à Lyon et ses environs, on a rencontré Clémentine Mossé, co-fondatrice de l’association The Greener Good, qui promeut une consommation responsable. On a parlé engagement associatif et communication responsable.

1. L’association The Greener Good

Peux-tu nous présenter rapidement l’association The Greener Good ?

The Greener Good existe à Lyon depuis 2016 et a pour objectif de montrer différentes manières d’adopter un mode de vie plus responsable et durable. Nous mettons en lumière les initiatives existantes sur le territoire de la métropole de Lyon.

L’association organise tous les ans le Greener Festival – la 5e édition a eu lieu début octobre 2020 – et collabore avec d’autres évènements comme le Printemps des Docks. Elle organise également mensuellement des soirées Get Green Together où des porteurs de projets de la région lyonnaise viennent parler de différentes thématiques comme le sport responsable ou la mode éthique.

Enfin, l’association développe des outils de communication comme une carte interactive qui recense les bonnes adresses et marques engagées localement sur la métropole de Lyon. Et maintenant, ce Guide pour consommer responsable à Lyon et ses environs, qui liste 460 adresses et marques.

En 2020, The Greener Good a lancé plusieurs formats d’interventions sur les modes de vie et de consommation écoresponsables. Ses membres animent ainsi des conférences, des ateliers ou des sessions de formation, lors d’événements, dans des établissements d’enseignement supérieur, à la Maison de l’Environnement ou auprès de volontaires en service civique.

Vous avez fondé l’association à deux. Aujourd’hui, vous êtes aidés d’un grand nombre de volontaires en services civiques et de bénévoles. Comment fonctionnez-vous en tant que collectif et comment est-il possible de vous aider ?

Grosse question ! On a une équipe permanente avec une salariée, Élodie, qui travaille sur la coordination des bénévoles, la communication et des aspects plutôt administratifs — ainsi que six volontaires par an en service civique, qui travaillent sur toutes nos missions : le guide, le festival, les tâches de fond, la communication, des réseaux sociaux, etc.

Ensuite, il y a moi, évidemment, qui m’engage beaucoup bénévolement sur l’association. L’embauche d’Élodie m’aide à me concentrer sur du plus long terme : stratégie, développement, relation avec les partenaires, pilotage des projets… Le Greener Festival reste encore un projet difficile à déléguer, même si on essaye de s’organiser en différents pôles autonomes. Petit à petit, ça arrive. 

Enfin, on peut compter sur une cinquantaine de bénévoles, avec plusieurs cadres d’engagement possibles. Camille ou Yann étaient par exemple très intéressés par le guide et y ont beaucoup contribué. D’autres sont là ponctuellement sur des évènements ou la distribution du guide.

Comme dans toutes les asso, ça va et vient. On a aussi beaucoup de bénévoles qui sont venus un jour puis qui ont déménagé, ont eu des enfants, ont trouvé un travail… Les histoires de la vie !

Ça fait beaucoup de monde à coordonner… En communication, on aime bien parler de raison d’être, ce petit truc qui met tout le monde d’accord et qui vous donne envie de vous réunir. Est-ce tu y as déjà réfléchi et est-ce que tu arriverais à le définir ?

Les gens qui rejoignent l’association ne sont pas forcément très avancés dans le domaine écologique, mais ont envie d’en savoir plus et se disent qu’être dans une association va leur permettre d’apprendre et d’évoluer. Ils apprécient chez nous le fait qu’on ne soit pas hyper militants. Certaines asso sont très radicales et il en faut ; mais le côté un peu plus « doux » de TGG attire d’autres personnes, des gens qui veulent faire ce qu’ils peuvent à leur échelle.

On a ce côté convivial, non-jugeant et c’est ce qui nous rassemble. On accueille tout le monde : du moment que quelqu’un a envie d’être bénévole, on s’adapte en fonction de son temps et ses envies.

2. Le guide « Consommer responsable à Lyon »

Guide pour consommer responsable - The Greener Good

Le guide reprend beaucoup votre carte interactive, pourquoi avoir choisi d’en faire une version papier ?

La carte interactive est un bon outil mais il y manquait des explications et de la pédagogie. C’est aussi plus compliqué de trier l’information ou d’avoir une vision exhaustive des contenus. Le format papier reste un support pratique pour rassembler beaucoup d’informations.

On avait aussi beaucoup échangé avec l’association Anciela – qui a elle-même son propre guide : Agir à Lyon et ses alentours – et qui nous a vraiment encouragé à sortir le nôtre. On voit aussi que Le Petit Paumé marche super bien. Les gens se réfèrent encore beaucoup au format papier pour trouver les bonnes adresses.

Vous gérez beaucoup de choses en interne, et notamment votre communication. Pourquoi avoir décidé d’externaliser ce projet en faisant appel à nous ?

Les compétences dans l’association ça va et ça vient. On a déjà vu des personnes qui était très bonne en graphisme, parfois non. Et on sait que c’est un travail hyper conséquent, je ne me voyais pas confier ça à quelqu’un de l’association qui débuterait.

Nous avions eu l’occasion d’échanger avec Romain, et on savait sur quoi vous travailliez.

On partage les mêmes valeurs, donc au final ça a presque coulé de source, on n’a même pas fait appel à d’autres personnes. On s’est dit que ça serait beaucoup mieux de le faire faire par des gens qui avaient l’habitude de projets d’ampleur.

Est-ce que tu peux nous dire ce qui a évolué entre l’idée que tu avais du guide au départ, et sa version finale ?

Vous vous en êtes rendus comptes, ce qui évolué, c’est la taille du guide ! Au début du processus, dans la phase de recherche, plus ça allait, plus on trouvait d’adresses. On s’est d’abord posé la question de les sélectionner ou non. Finalement, on les a toutes mises pour couvrir le territoire et montrer sa richesse.

Ce qui a également évolué, c’est le côté plus pédagogique du guide. Je ne voulais pas qu’on balance des adresses sans expliquer pourquoi on les choisit, ni à quel label se fier, etc. En rédigeant, on se rendait compte qu’il y avait énormément de contenu intéressant et on a décidé de mettre des pages d’explications au début de chaque partie.

« En fait, je suis hyper contente : entre la couverture, que je trouve très chouette, et le contenu, qui a été super bien mis en page. Je ne pensais pas qu’on atteindrait ce niveau de qualité à la fin. »

Dans les surprises, il y a aussi l’engouement suscité par le guide. Après la campagne de pré-vente fin janvier, qui a super bien marché, on voit maintenant que ça prend, les commerces sont partants pour distribuer le guide.

On reçoit des témoignages qui font vraiment plaisir ! Par exemple, une personne nous a remercié d’avoir pensé aux végans, une autre nous disait qu’elle avait dévoré le guide du début à la fin. Une femme m’a expliqué sur LinkedIn qu’elle avait perdu son travail et que le guide lui donnait plein d’idées pour entreprendre. Peut-être qu’il va aussi faire émerger des idées… et de nouvelles bonnes adresses à Lyon !

3. Communiquer de manière responsable

Pour finir, on voulait évidemment parler de communication responsable. On parle beaucoup de l’éthique autour des réseaux sociaux ou de l’impact du papier. Est-ce que ce sont des questions que vous vous posez quand vous pensez à votre communication ? Est-ce que vous essayez de l’aborder sous cet angle là ?

C’est vrai que ce sont des questions qu’on se pose, à commencer par le papier pour le guide. Bien sûr, on a choisi un imprimeur engagé et local – Papier vert – et du papier recyclé. On a fait en sorte que le guide vive deux ans pour ne pas avoir à le republier trop souvent et on va essayer d’écouler tout le stock avant de se lancer dans une nouvelle version.

« Si un guide papier permet de repenser l’intégralité de son mode de vie, finalement, c’est quand même un sacré impact ! »

Concernant le reste de la communication, on a une newsletter qu’on sort à peu près une fois par mois, on essaye de ne pas en abuser. Pour les événements ou le projet du guide, on a des campagnes média avec communiqués et dossiers de presse, ça marche bien ! Enfin, la communication s’appuie aussi sur le réseau de partenaires. On a par exemple invité tous ceux qui sont dans le guide à en parler.

Concernant les réseaux sociaux, on n’a pas trop de solution parce qu’on est obligés de parler de nos projet. On les utilise un peu tous : Facebook, LinkedIn, Instagram, Twitter — mais sans faire trop de story ou de vidéos, on essaye d’être assez sobres. Sans eux, l’association n’aurait pas existé. Au début j’avais eu l’idée de faire un premier événement – publié sur Facebook – et c’est comme ça que les premiers adhérent m’ont connue.

Je ne sais même pas comment j’aurais fait si j’avais voulu créer un événement sans Facebook et Meetup… avec une affichette dans un coin ?

Comment vous organisez-vous en interne pour gérer les réseaux sociaux de The Greener Good ? Vous êtes plusieurs à publier, avez-vous une charte éditoriale ?

On essaye… Le lundi on fait un point communication pour se dire de quoi on va parler dans la semaine et sur quel réseau on en parle. Ensuite, il y a des personnes qui vont plutôt gérer Twitter, d’autres Instagram ou Linkedin. Pour la newsletter, en général c’est une personne qui va faire la base et je vais la peaufiner, c’est toujours moi au final qui fait la dernière passe.

Tout le monde a les codes de tout mais il y a des personnes affectées à chaque réseau.

On essaye d’avoir une cohérence mais, effectivement, comme les personnes changent souvent, je pense que ça peut se voir. C’est à l’image de notre fonctionnement.

La communication est assez chronophage. On essaye de s’organiser au mieux pour pas que ça nous prenne non plus trop de temps par rapport aux autres missions qu’on a à faire et qui sont le cœur de l’association.

Penses-tu que la communication puisse jouer un rôle dans la transition ?

« J’en suis persuadée ! Le fait de transmettre des informations a un gros impact. »

On voit que les jeunes s’emparent des sujets climatique via les réseaux sociaux – Greta Thunberg par exemple. Les marches pour le climat ont émergées parce qu’il ya eu des événements sur Facebook. Sinon ça serait peut-être resté dans les newsletters des réseaux déjà engagés. Le fait que ça ait été partagé à fond sur les réseaux sociaux a permis à plein de gens de se mobiliser, donc je pense que c’est un sacré outil.

Même le guide, au-delà du support papier, permet de parler des commerces qui le vendent sur nos réseaux. Les gens s’intéressent à ces commerces, sans forcément se procurer le guide, et ont envie d’aller les voir. Enfin, ça nous permet de parler de consommation responsable dans les médias, ça a cet impact là aussi.

Quels sont tes projets et les rendez-vous The Greener Good à ne pas manquer ?

Pour finir, on aimerait donner un peu de place à l’Institut Transitions. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ton implication dans le projet ?

En dehors de l’association The Greener Good, j’interviens dans des établissements d’enseignement supérieur, pour des conférences, des ateliers sur la transition écologique, ou encore des cours sur la conception et l’organisation d’événement. En 2019, j’ai rejoint l’équipe fondatrice de l’Institut Transitions, impulsé par l’association Anciela, un institut de formation qui a pour objectif d’outiller et d’accompagner les personnes souhaitant mettre leur énergie et leurs compétences au service de la transition écologique.

Après une année dédiée au lancement de la structure et à la conception des programme, l’Institut est aujourd’hui lancé et accueille sa première promotion de 50 personnes dans le programme Nouvelles Voies. En ce qui me concerne, j’ai participé à toutes les phases de la création de l’Institut, et coordonne aujourd’hui des formations à la carte dans le programme Inspirations, donne des cours et accompagne des apprenants dans la réalisation de leur mémoire de recherche.


Prochains rendez-vous à noter ?

Sous réserve des contraintes liées à la situation sanitaire :

  • Plusieurs évènement à la Maison de l’environnement (MDE) qui reprendront début 2021 : parcours CLE : Consommer Local et Écoresponsable avec La Légumerie et le Réseau des CIGALES, et parcours VIP : Voyage à Impact positif, avec On The Green Road et la Maison du Vélo.
  • Création d’un cahier pratique et d’un ensemble de jeux de sensibilisation à la consommation écoresponsable
  • Balades urbaines à la découverte de commerces locaux éthiques et écoresponsables
  • Le Printemps des Docks – printemps 2021
  • Et The Greener Festival – octobre 2021

On suit tout ça avec attention, merci à Clémentine pour cette chouette interview 🙂

— Propos recueillis par Baisse le chauffage


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